La loutre est de retour en Camargue

Éradiquée par la chasse et l’industrialisation dans les années 1950, la loutre d’Europe commence à montrer à nouveau le bout de son nez, notamment aux marais du Vigueirat et sur la plage de Beauduc.

Des petites crottes reconnaissables entre mille le long des berges du Vigueirat… En 2015 déjà, les indices laissés ne trompaient pas, et pourtant, le doute était presque permis. Puis plus rien, jusqu’à ce jour d’août 2022 où une frimousse est apparue sur les images du piège photo installé dans les marais du Vigueirat : une loutre d’Europe qui renifle l’objectif, puis se roule par terre pour se gratter. « C’était une femelle. Plus récemment, on a aperçu un mâle, donc on a potentiellement un couple sur le site« , se réjouit Clément Pappalardo, garde gestionnaire de la réserve naturelle nationale des Marais du Vigueirat.

C’est une sacrée bonne nouvelle pour les passionnés d’environnement, puisque la loutre n’était plus apparue sur le territoire depuis près de 70 ans, et elle y revient naturellement. Pendant des décennies, on ne retrouvait des loutres que dans le Massif central et les marais de l’ouest de la France.

Connue pour être une espèce très discrète, vivant la nuit, la loutre est difficile à observer. C’est lorsqu’il a trouvé des empreintes sur le sable de Beauduc qu’Anthony Olivier a eu confirmation que le petit mammifère était bien installé. « Elle est passée par le phare de Beauduc, qui est loin de l’embouchure du petit Rhône, et donc de l’eau douce. Ça veut dire que l’animal est passé en mer sur environ 25 km, souligne Sylvain Ceyte, gestionnaire du site des anciens salins, faisant eux-mêmes partie du Parc de Camargue et détenus par le Conservatoire du littoral.

Quelques dizaines d’individus

Il est encore impossible de déterminer combien d’individus vivent en Camargue. « Très probablement quelques dizaines« , concède Anthony Olivier, qui espère qu’elles seront bien plus nombreuses d’ici une dizaine d’années. On ne peut pour l’instant que se référer aux épreintes, les crottes particulières des loutres, remplies d’écailles et arêtes de poissons.

« La loutre est là car il y a de la ressource, assez pour lui convenir. Ça veut aussi dire qu’elle est suffisamment tranquille pour pouvoir s’épanouir« , conclut Clément Pappalardo.


Reportage de BFM TV du 12/03/24 à voir ICI